Lassègue, un cru secret à Saint-Emilion

Lassègue (Saint-Emilion Grand Cru) est peu connu dans notre hexagone voire discret dans le microcosme du fait de son acquisition en 2003 par le couple Jackson-Banke associés à Pierre Seillan, de sa commercialisation/distribution très export et sans doute aussi dans le caractère non ostentatoire et terrien.

Les jalons posés comme ça, vous pourriez vous attendre à un vin sur-mûri, « facile » ici vu l’exposition des vignes, un vin sur-boisé (encore plus facile via la méranderie de la famille Jackson) ou encore un vin ultra puissant si nous considérons l’affinité des notes de RP.

Force est de constater que rien de tout ça est vrai !


Il faut ouvrir la porte du chai (en l’occurrence c’est le fils de Pierre, Nicolas Seillan, qui m’ouvre la porte) qui mène à la trentaine de petites cuves thermo régulées permettant précision et complexité issu de la diversité des micro-crus. Hélène Seillan, la fille de Pierre, est en plein assemblage des 2012. Elle me tend un verre puis je puise dans le bac « aérateur » et déguste illico presto, histoire de patienter du remplissage de la cuve (le vin provenant des barriques) avant d’aller dans le château pour une dégustation plus formelle.

Ce joint à nous pour la dégustation Pierre et sa femme, Monique Seillan

Lassègue 2011 (60% Merlot, 30% Cab. Franc, 10% Cab. Sauvignon)
Nez : chocolat, moka, gelée de cassis ; attaque souple, bouche veloutée et ronde tombant sur une finale douce et charmeuse
Lassègue 2012 (échantillon de la veille issu avant l’aération)
Nez expressif marqué puissamment par les baies de cassis, puis (à l’aération) la mûre, puis des notes mêlées d’eucalyptus et de graines de café légèrement torréfiées ; attaque franche, bouche soyeuse s’étirant vers une finale fraiche amenant de la tension

Remarque : J’aurais bien inversé les étiquettes des deux bouteilles à l’aveugle puisque les finales sont inversement corrélatives à l’image des millésimes.

Nous avons échangé nos points de vue, philosophies, etc. Puis discussion faisante, nous sommes tombés sur le dernier primeur (millésime 2013) et sur l’intérêt au niveau qualitatif d’un tel millésime, condition d’avoir eu de la chance et d’avoir bien travaillé en intelligence. Et là je propose de déguster un autre millésime mal aimé à sa naissance le : 2007. Why not ?

Lassègue 2007
Nez : truffe, sous bois, menthol, chocolat au lait, groseilles à maquereaux ; attaque douce, bouche ronde, finale charmeuse

A noter, un filigrane commun à tous les Lassègue dégustés au niveau aromatique (sans doute dû à l’expression du terroir conjuguée au travail) et ce que je retiens avant tout c’est un sublime touché de tanins en bouche (dû à une extraction adaptée et maitrisée) !
Enfin, Pierre comme tout grand Homme (et malgré la multiplication des 100/100 RP) a bien la tête et les pieds sur terre ; inutile de dire que je suis charmé par cette famille telle la finale du Lassègue !!

En aparté, j’ai également dégusté :
Château Bellevue-Seillan (Côtes de Gascogne) 2012 : 60% Merlot, 25% Cab. Sauvignon, 15% Malbec / nouveau projet de Pierre qui retourne aux sources ;-)
Nez : épices, impression de cailloux et de craie, merises ; bouche croquante et gourmande, finale juteuse
Cenyth (Sonoma County) 2010 (54% Merlot, 34% Cab. Franc, 12% Cab. Sauvignon) à partir de 2011 60% de Cab. Franc / projet d’Hélène
Nez : cassis cuit, réglisse, cannelle ; attaque franche, bouche enveloppante, finale rafraichissante